jeudi 1 décembre 2011

many rivers to cross

 
Je me souviens avoir pleuré dès le premier quart d’heure, au film de Guédiguian, car too many rivers to cross. Voilà, il y a des chansons qui ont immédiatement cet effet-là sur moi, c’est lamentable !

mardi 29 novembre 2011

sa vie dans les livres

 
Je me souviens, j’ai trente ans, je lis Passion simple,d’Annie Ernaux. Je découvre qu’on peut aimer comme ça, dans l’abîme de soi…Enfin, je ne le découvre pas, je le sais, je le sens, je sens surtout que je suis très précisément en train d’y aller … Et ce texte si beau me dit le possible de cette façon d’aimer. Et si je le lis dans un livre, c’est bien la preuve … je ne sais pas de quoi, que je peux le vivre, moi aussi. Si c’est digne de la littérature, ça vaut le coût d’être vécu …

Je me souviens, j’ai trente sept ans, je lis Trois chevauxd’Erri de Luca. C’est l’heure de la sieste, un après-midi de vacances dans une région chaude, je ferme le livre et alors je sais que je vais enfourcher mon deuxième cheval et aller dans la vie, à nouveau, avec l’homme qui dort à côté de moi.

Je me souviens que j’aime les livres quand ils me parlent de ma vie.

dimanche 20 novembre 2011

l'odeur des pommes cuites

Je me souviens du gâteau aux pommes de ma grand-mère. Ce dont je me souviens très exactement, c’est de l’odeur. Nous vivions en Bretagne, toute la cuisine familiale se faisait au beurre salé ! Il y avait souvent des monceaux de pommes, chez ma grand-mère, qui provenaient de jardins amis. De petites pommes véreuses et odorantes qu’elle faisait cuire en compote, avec du sucre et du beurre salé ! Il arrivait qu’elle ne fasse pas trop cuire les pommes et elle glissait les morceaux de fruit beurrés dans une pâte à quatre quarts (qui contenait elle aussi du beurre, si, si). Pendant que ça cuisait et sentait bon, j’avais le droit de lécher la cuillère en bois et la pâte crue restée dans le grand bol de préparation. Je crois qu’elle en laissait exprès un peu plus pour moi. Aujourd’hui, c’est tout pareil ! Je lèche la cuillère et le plat dans lequel il reste toujours de la pâte malgré l’invention idiote de la spatule en plastique souple. Je mets moins de beurre par culpabilité, et une farine bise ou d’avoine remplace une farine blanche, par goût. Elle faisait aussi des fars aux pruneaux dans le plus grand des plats Pirex qu’elle possédait et pour que les pruneaux ne tombent pas au fond du plat, elle … enfin, on verra ça une autre fois.

lundi 14 novembre 2011

des cheveux courts


Je me souviens que j’ai une autre histoire de cheveux courts, les miens. J’ai six ans, je sais qu’on va partir vivre dans un pays chaud. Ma mère me dit qu’on va aller chez le coiffeur toutes les deux se faire couper les cheveux, ce sera plus pratique là-bas. C’est un peu comme une fête, aller chez le coiffeur et me faire coiffer en même temps que ma mère, comme une grande. En fait, je passe la première, je suis assise sur un tas de magazines qui glissent. Des cheveux au creux des reins, je passe à la coupe très courte. Pour l’instant, ça va, tout le monde autour de moi est enthousiaste. Pourquoi pas moi ? C’est au tour de mère, je m’impatiente dans la boutique. J’ai l’autorisation d’aller jouer sur le trottoir, devant. C’est presque fini et mon père ne va pas tarder à venir nous chercher en voiture. D’ailleurs, il passe devant moi et je lui fais signe, mais il ne me voit pas, pourtant, j’avais cru …Cette fois il s’avance sur le trottoir et me reconnaît, étonné. Très gentiment, en souriant, il dit qu’il est content d’avoir un petit garçon. Je fonds en larmes. On entre ensemble chez la coiffeuse, mon père désemparé de me faire pleurer, ma mère enfile sa veste. Elle a les cheveux longs !

dimanche 23 octobre 2011

un voile



Je me souviens qu’enfant, j’ai été élevée dans une école catholique. Il y avait une jeune religieuse que j’aimais bien, elle était gentille. Pour préparer notre communion, nous sommes parties en retraite. Trois jours, loin des parents, un groupe de toutes jeunes filles. Nous dormions dans des dortoirs (une grande première pour moi, expérience que je n’ai jamais vraiment souhaitée réitérer !) et, par chance, j’étais dans le dortoir surveillé par cette jeune religieuse que je trouvais belle, le voile comme des cheveux longs. Le premier soir, elle retire son voile et ce que je vois est un choc. Elle a les cheveux courts, elle doit se les couper seule ! Le chaos sur sa tête est d’une violence extrême : des épis, des trous qui laissent presque voir la peau du crâne. Cette vision est en contradiction totale avec la douceur qui émane d’elle. Je me souviens que mes yeux ne se détachent plus de sa tête, j’ai vu quelque chose que je n’aurai pas dû, pas voulu voir.

Je me souviens de cette histoire en croisant une autre religieuse dans la rue, cette semaine. Une femme au port droit et fier, le voile dans le parfait prolongement des plis de la robe.

Les vêtements, quels qu’ils soient, nous montrent et nous cachent, tout autant.

dimanche 9 octobre 2011

les vacances, le retour

 
Je me souviens avoir été en vacances au Vietnam le mois dernier, être rentrée la semaine dernière et aujourd’hui, depuis deux jours, vivre dans l’automne.


Ces notions du temps (hier Hanoï, aujourd’hui Toulouse, hier 36° à 90% d’humidité, aujourd’hui péniblement 18°) bouleversées à quelques heures d’intervalles. Le corps, la tête sont surpris. Nous vivons maintenant dans le silence et la fraîcheur. Il est dimanche, seize heures trente. Là bas, le dîner de nos amis se termine. Ils sont assis sur un trottoir, sur de toutes petites chaises bleues, ils ont mangé un pho bien chaud, au poulet et aux herbes, des nems, un œuf couvé peut-être ou du riz et des petites aubergines rondes et vertes, piquantes et délicieuses.

Le retour, c’est le souvenir, c’est convoquer les bruits, les odeurs, les saveurs … Le retour, c’est essayer d’être ici, tout en voulant être encore un peu là-bas.

jeudi 11 août 2011

on connaît la chanson


Je me souviens qu’avec ma copine Armelle, on chantait à tue tête ça. Ben quoi ? Nous étions jeunes, mais ceci n’étant pas une excuse, nous sommes tout à fait capable de la chanter encore.
Allez, on joue à la chanson qu’on a un peu honte d’aimer ? Vous savez, celle qu’on connaît par cœur et tout le monde autour de nous (nous aussi d’ailleurs !) est atterré que l’on puisse connaître ce genre de choses, voire les aimer, nous par ailleurs si chic et si cultivée. Tout le monde autour de moi, c’est surtout françois qui ne comprends pas que je puisse chanter ça, alors qu’il m’arrive encore, parfois, de confondre Aperghis et Luciano Berio ! que j'aime bien aussi, c'est juste pas au même endroit.
Allez, une petite dernière pour la route : elle l'a.

jeudi 28 juillet 2011

des lieux et des livres



Je me souviens que parfois, lorsqu’on se souvient des livres qu’on a lu, on se souvient aussi du lieu de la lecture. Fraisse et Trois chevaux, ces lourdes siestes dans le petit appartement loué, mes premières vacances avec f., ma décision d’enfourcher moi-même mon deuxième cheval, cet été-là. New York et nous étions les Mulvaney, et un dixième matin, ne plus vouloir sortir, car le livre à finir est plus important que le musée à découvrir. Le train et au piano, l’homme assis en face de moi me dit que lui aussi, comme moi à cet instant, a souri à la lecture de ce livre. Le temps qui devait être sans compter du dimanche matin et les choses qui me précipitent au marché pour acheter toutes sortes de nourritures, ma solitude dans l’appartement vide de son propriétaire et les tendres plaintes, assise sur l’horrible canapé vert…Je me souviens alors que je choisis avec soin les livres du déplacement, on ne sait jamais, un bon souvenir est vite arrivé.

mardi 26 juillet 2011

travail urgent



Je me souviens que lorsque j’ai un travail sérieux à faire dans un délai compté : écrire un texte, finir un cours, boucler un dossier, je me lève dix mille fois de ma chaise, car il faut alors que la maison soit rangée, le ménage fait, le linge lavé et étendu. Puis c’est l’heure du thé, et peut-être ai-je un peu faim. Le temps passe et la culpabilité monte, rien n’est encore vraiment écrit. Dans la tête, oui, sur l’écran, rien. Là, il est absolument indispensable que j’aille nettoyer le miroir de la salle de bain. Je calcule le temps qu’il me reste, une soirée, deux heures … ça ira, si je commence maintenant. Je change les draps, avant. Je n’ose prendre la décision de remettre au lendemain, car se lever vers cinq heures, c’est difficile. Puis je me pose et souvent le texte vient d’un jet. En fait, il était là, caché, prêt à sortir. Je relis le lendemain, je corrige peu. Je me suis juste fait un peu peur. Et si un jour ça ne marchait pas ?

Bon, là il faut que j’aille ranger mon bureau.

jeudi 21 juillet 2011

soirée diapo

Je me souviens des soirées diapo., alignés tous les trois dans le canapé, mon père à la télécommande. Les commentaires sur les premières images, puis le silence dû à une certaine lassitude, peut-être, une langueur s’installe. Je me souviens du bruit du projecteur au passage de chaque image. Je me souviens que je finis toujours assise au pied du canapé. Nous n’avons pas d’écran. Ma mère va chercher un drap dans l’armoire de sa chambre. Mon père l’installe dans le salon, parfois la salle à manger. Ces soirées avaient souvent lieu lorsque nous sommes rentrés d’Afrique, selon l’expression consacrée. Puis elles se sont espacées et ont disparu, mais certaines images me restent en tête : je tourne sur un petit carrousel, je porte la robe rouge que je n’aimais pas, mais que cette image m’a fait adorer. Trop tard, elle était trop petite ! le sapin de Noël en plastique que nous portons au-dessus des vagues, j’ai un maillot de bain bleu, à rayures blanches, une vue prise à l’aéroport, un bout d’aile d’avion … Est-ce ce lent et long défilé qui m’a fait aimer les images de rien ? Peut-être.

mardi 12 juillet 2011

la vie de couple


Je me souviens que f. laisse toujours traîner ses chaussures, de préférence dans l’encadrement des portes ! Celles qui ont l’expérience de la vie de couple vont comprendre tout de suite de quel type de petit agacement je parle (oui ?) lorsque, quasi systématiquement, je marche dessus, shoote dedans. Ca dure depuis dix ans, nos névroses agaceur-agacé(e) se complètent parfaitement. J’ai connu, dans un couple ami, l’agacement des chemises mises à laver sans que les manches soient déroulées. Ailleurs encore, le soupir épuisé déclanché par « chérie, tu veux bien mettre ça dans ton sac ? » …

Mais faire cette belle image avec ce désagrément m’a apaisé. Ce laisser aller n’en était pas un, mais une subtile proposition pour réussir ma photo. Merci mon amour.

mercredi 6 juillet 2011

les vêtements mous

 
Je me souviens aimer porter des vêtements mous. Les vêtements mous, c’est pour les jours où je ne sors pas, les dimanches, les jours fériés … les jours où l’on traîne à la maison. Par définition, le vêtement mou est informe, souvent trop grand. Il a pu avoir une vie avant, mais pas forcément, car il a pu être acheté dans le but de ne jamais se faire voir dehors. Il ne serre ni la taille, ni les épaules, ni les cuisses … Il fait croire à un corps sans contour, souple. Les jours d’hiver, les vêtements mous s’empilent les uns sur les autres et ils ne vont pas forcément ensemble. Vous l’aurez compris, le vêtement mou n’a pas pour ambition l’élégance de celle qui les porte. La crainte du jour de vêtement mou, c’est qu’on sonne à la porte. La sonnette, c’est déjà le regard posé sur vous et la phrase qui suit est toujours « je ne peux quand même pas aller ouvrir comme ça ». Deux solutions : quelqu’un ouvre pour vous pendant que vous vous cachez dans une autre pièce ou vous n’ouvrez pas du tout. J’ai essayé les deux. Ca marche. Le vêtement mou n’est pas à confondre avec le pyjama, mais un mixte des deux est possible. Dimanche 10, rien d’écrit dans l’agenda et je viens d’acheter pour neuf euros en soldes, un tee-shirt trop grand, rayé vert et blanc ; avec le pantalon blanc crème troué en bas qui n’a plus d’élastique à la taille … ben j’ai hâte à dimanche.

lundi 27 juin 2011

un autel domestique



Je me souviens, il y a quelques mois, avoir fait un petit autel domestique. Pas un vrai avec les photos que tout le monde voit, parce que je n’ose pas ! Mais juste à côté de ce bol rempli de petits coquillages glanés sur une plage bretonne, il y a une boîte rouge en tissu, carrée et dedans, deux photographies de mes parents et aussi leurs alliances. J’habite à neuf cents kilomètres de la ville où ils n’habitent plus, il me les fallait quotidiennement présents (alors qu’il pouvait m’être lourd de devoir les voir régulièrement … ha, la, la, c’est simple, la vie, j’vous jure). Le tout est posé sur un petit rebord, sous une fenêtre de la cuisine. Sur la boîte rouge, j’ai posé quelques pièces en chocolat au beau papier doré que Jean m’a offertes pour la pendaison de crémaillère en me disant : «  je ne sais pas si tu y crois, mais voilà, c’est une offrande ». J’y crois ! En laissant la maison quelques jours à des amis avec jeunes enfants, les pièces en chocolat avaient disparu ! J’étais très contente. L’offrande avait fait plaisir aux vivants. J’ai remis d’autres pièces et la vie continue.

lundi 20 juin 2011

les jours de dictée


Je me souviens que je faisais beaucoup de fautes aux dictées, à l’école primaire. Le jour de la dictée, je ne voulais donc pas y aller. Je faisais semblant d’être malade, ce qui ne marchait jamais. Un jour, j’ai sciemment raté le bus scolaire. Ma mère m’a alors conduite en voiture à l’école ; elle qui n’aimait pas conduire dans cette ville où le code de la route ne semble être qu’une option possible parmi beaucoup d’autres choix. J’avais toujours zéro, et si je n’étais pas réellement souffrante, cette épreuve et ces résultats me rendaient malade d’angoisse. Un ami de mon père est alors venu, le soir, me donner des leçons de grammaire et d’orthographe. Ce qui arrangea grandement les choses. C’était un monsieur très gentil. Je me souviens de deux choses. Il me demandait d’écrire le mot jusqu’à la fin et seulement ensuite d’y déposer les accents. J’avais huit ans et je trouvais qu’il outrepassait son rôle. J’étais assez choquée qu’il puisse intervenir sur ma manière d’écrire. Dans ma grande rébellion, je ne lui ai là jamais obéi. Et aujourd’hui, lorsque je mets les accents au fur et à mesure sur les e et a et autres, il m’arrive de penser encore à lui. L’autre chose dont je me souviens, c’est qu’il avait une haleine absolument abominable ! Nous étions assis côte à côte, il se tournait toujours vers moi pour me parler. Alors je gardais obstinément la tête baissée sur ma feuille. Ma mère, de temps en temps, intervenait et, avec un sourire gêné, expliquait combien j’étais timide. Ce qui était hélas très vrai, mais qui en cette circonstance particulière, pour une fois, me servait. Je me souviens aussi que des années plus tard, nous riions, mes parents et moi à cette évocation. Nous pouvions rire, je ne faisais presque plus de fautes et j’avais développer un odorat particulièrement sensible.

dimanche 12 juin 2011

Alice



Je me souviens ne pas avoir lu alice au pays des merveilles lorsque j’étais enfant, ni avoir vu le film. Je me souviens avoir souvent eu envie de le lire et d’avoir attendu.

Il y a les chefs d’œuvre ni vus, ni lus avec lesquels on sait bien qu’un jour on se coltinera, par devoir, parce qu’il faut, par honte et culpabilité de ne pas savoir …(non, je n’ai pas encore lu le ulysse de joyce alors que, je ne sais par quel miracle, deux éditions trouvent place dans la bibliothèque ! F. non plus ne l’a pas lu, conclusion : on a une bibliothèque de gros prétentieux !) et il y a ceux qu’on retarde parce qu’on sait qu’il y aura du plaisir : princesse de Clèves et alice, même combat. La princesse, je la lis et la relis, un des plus beaux textes que je connais, (je l’avais lu avant que le président des français donne son avis sur la question).

Et donc alice, je l’ai lu il y a trois ans ! Non, je n’étais plus une enfant !

Alice, pour moi, c’est la Lectrice. Bon, je sais que c’est sa sœur qui lit un livre sans images. Mais, elle plonge dans le terrier, elle vit des aventures bizarres, elles rencontre de curieux personnages et elle ressort s’ennuyer dans la vraie vie. Quelque chose comme ça.

Alors, lorsque j’ai vu ce dessin de ronald, j’ai vu une alice (grande et toute nue !), plongée dans la lecture, le lapin au creux de l’épaule, je me suis vue, aussi (bien qu'assez souvent, lors des moments de lecture, je suis habillée). Et je me suis dis qu’il serait mieux chez moi, au mur, que dans ses cartons. ronald, est-ce une alice ?

lundi 6 juin 2011

photos de famille


 Je me souviens transporter des photos de famille sur la banquette arrière de ma voiture. Il y a quelques mois, j’ai déménagé l’appartement de mes parents. J’ai jeté beaucoup, j’ai peu gardé : une boîte à bijoux de pacotille et qui fait de la musique ; elle date du temps de l’enfance et de l’ailleurs, un carnet d’adresses dont beaucoup ne serviront plus, un vieil appareil photo polaroïd, une boîte à gâteaux remplie de photos. D’autres photos, grandes, encadrées, ne rentrent pas dans la boîte. Elles étaient aux murs, c’est ce que j’ai décroché en dernier, je les ai mises à l’arrière de la voiture et je suis retournée chez moi à neuf cents kilomètres de là. Et elles sont restées là, sur la banquette arrière. Tous les jours, elles font un court trajet, avec moi. Il faudrait les désencadrer, les ranger … un jour. Ne pouvoir ni garder, ni jeter, de la difficulté à être fille unique.

jeudi 2 juin 2011

lectures adolescentes



Je me souviens, c’est à la table familiale, un midi, j’ai douze - treize ans, je demande à mes parents ce que veut dire « ingénue ». Et aussi, « libertine ». Ils sont un peu interloqués et avant de répondre ; je voyais bien qu’ils étaient un peu embarrassés, veulent savoir pourquoi. J’explique que je lis un livre qui me plait beaucoup et qui s’appelle l’ingénue libertine. Ils se demandent où j’ai bien pu trouver ce livre. Car chez mes parents, il n’y a pas vraiment de bibliothèque, juste quelques livres entassés au fond d’un placard ! Les livres que je lis, ils me les achètent, ils savent que celui-là n’est pas passé par là !

Ce livre, il était bien au fond du placard, avec d’autres que je n’ai jamais lu (je me souviens d’un guy des cars !) et une série de San Antonio que j’ai lu en rigolant bien. Rien ne m’était interdit, mes parents ne surveillaient pas mes lectures ; merci, un grand merci.

Ils m’ont aussi demandé d’expliquer le livre !!!

Heu ! c’est-à-dire que je lis un livre qui me plait sans tout à fait vraiment comprendre de quoi il en retourne, mais en sachant quand même ; j’ai douze ans et il parle de quête de plaisir sexuel ! Le titre ne m’aide pas, il est fait de deux mots et je ne saisis le sens d’aucun! Je voulais vérifier auprès d’eux que, d’une certaine manière, je comprenais bien. Je ne sais plus ma réponse, seulement ma difficulté à répondre, la leur à m’expliquer les mots demandés. Ils m’ont laissé finir le livre, ainsi j’ai découvert colette, que je n’ai plus quitté et qu’il m’arrive de relire de temps en temps. (Que serait-il arrivé si j’avais plutôt lu guy des cars ?)

Ensuite, j’ai lu la seconde, j’ai tout compris. On grandit vite.
Le dessin, derrière la bibliothèque est de ronald curchod, je vous en parle bientôt.

mercredi 1 juin 2011

dis moi ce que tu manges ...


Je me souviens adorer les listes (les lire, les écrire) et pendant un temps, avoir lister ce que je mangeais. Il se dit au Japon qu'il faut manger trente aliments  différents chaque jour, je voulais voir où j'en étais. Un jour de juin 2009, ce fut :
jus de pamplemousse
flocons d'avoine
fraises
lait de soja
thé vert
concombre
avocat
purée d'umébosis
hareng
cerises
riz
vinaigre de riz
petit gâteau au macha
tempeh
tomate
poivron
courgette
rhubarbe

Il n'y en eut donc pas trente, mais c'était très nettement ma période japonaise, jamais très loin, cela dit.

lundi 30 mai 2011

solitaire

Je me souviens avoir lu ici "mes repas solitaires étaient d'une simplicité déconcertante."

Et quelques lignes plus haut "plusieurs jours se sont écoulés sans événement particulier. Il ne se passa vraiment rien. Je ne suis allée nulle part. Je n'ai parlé à personne."

Impression de lire ici ma réclusion de deux jours. J'aime quand ça dure deux jours, trois ... ensuite, le monde me rappelle à lui.

vendredi 27 mai 2011

fin de partie



Je me souviens que je n’aime pas jeter mes vêtements, ni aucun autre effet m’appartenant. Cette séparation définitive est un déchirement. La consécration d’un vêtement : devenir pyjama. Ce n’est pas évidemment pour tous et dormir en manteau d’hiver est peu agréable. C’est dommage. Dans la difficulté à se séparer des choses, il y a aussi le fait que je ne peux absolument pas les jeter dans la poubelle. Les penser mélangés aux épluchures et autres coquilles d’œuf du gâteau de la veille (cake à la farine d’avoine et écorce d’orange confite, délicieux) n’est pas supportable. Je les enveloppe dans un sac à part. Une petite cérémonie d’adieu ne me paraîtrait pas superflue, ni enterrer le sac dans le jardin, même si je conçois que tout cela est très exagéré pour un vieux jean que d’autres qualifieraient de pourri et de deux sacs à main troués.
Aujourd’hui, bien que le soleil revienne est une journée un peu endeuillée.

mercredi 25 mai 2011

si loin

Je me souviens vouloir écrire cet haïku de Masaoka Shiki sur une tombe :

Cerisiers en fleur –
Je me souviens d’êtres chers
Tous si loin d’ici

dimanche 22 mai 2011

ça déménage

Je me souviens avoir fait deux déménagements en sept ans. L’été 2003. Le jour où les amis nous ont aidé à vider le camion, il faisait 42° ! Ils s’en souviennent encore. Nous avons vite trouvé un lieu proche du paradis : la galerie marchande de l’hypermarché près de chez nous ! Clim. et coca frais, le summum du luxe !  L’appartement était avec terrasse, ils ont dormi à « la fraîche » qui ne venait pas. Pour le déménagement de l’été 2010, nous avons dû changer d’amis. Ceux-là n’étaient pas libres ! Il ne faisait que 36°, mais nous n’osions pas ouvrir les fenêtres, car c’est une maison et notre chat ne connaissait pas encore les lieux.  François dit "dans dix ans, maintenant". Tout le temps de se faire plein de nouveaux amis.

mardi 17 mai 2011

une mise en plis



Je me souviens avoir fait une mise en plis à ma grand-mère. Ma grand-mère était une vraie grand-mère, c’est-à-dire une vieille dame aux cheveux blancs que les teintures sauvagement faites à la maison avec l’aide de ma mère rendaient parfois bleus ! Elle avait les cheveux courts et ma mère lui faisait donc des mises en plis. J’explique pour les plus jeunes qu’il s’agit, après le shampooing qui rend les cheveux bleus, sur cheveux encore mouillés, de mettre sur la tête de ma grand-mère une ribambelle de petits bigoudis pas du tout en mousse, mais en plastique, remplis de je ne sais quel matériau qui pique la tête, de bien serrer la mèche autour de ce truc infâme et de faire tenir le petit boudin ainsi obtenu avec un pic en plastique qu’on fait presque rentrer dans le crâne. Une fois sec, on retire les bigoudis précautionneusement et restent sur la tête des boucles très serrées et très séparées les unes des autres, on coiffe pour harmoniser le tout et ça fait une jolie coiffure ondulée. Le jour donc où j’ai fait la mise en plis à ma grand-mère, je me suis trompée de sens pour rouler les bigoudis !  Au lieu de rouler vers l’arrière du crâne, j’ai roulé ver l’avant ! Une fois coiffée, ma grand-mère avait donc une banane bleue sur la tête. Après des grands cris et une franche rigolade, ma mère lui a refait un shampooing et à nouveau tout roulé vers l’arrière, cette fois. Mais il est resté quelque temps, sur la tête de ma grand-mère, une ondulation un peu hésitante qui allait assez bien avec le bleu.

Je remercie mon amie Rachida de prêter ici sa magnifique chevelure sakura à ce billet. Je sais qu'elle n'aura jamais les cheveux bleus permanentés, mais qu'ils seront toujours longs, denses et beaux.

dimanche 15 mai 2011

le vernis à ongle

Je me souviens, en période estivale, mais pas seulement, avoir des états d’âme avec le vernis à ongle. J’aime et je n’aime pas le vernis à ongle. Pour les pieds, ça va. Je trouve cela assez joli, lorsque vient le temps où les sandales découvrent les orteils, de les rougir, rosir ou même bleuir (bon, ça j’ai jamais fait, mais sur les autres, je trouve ça bien). Mais pour les mains … c’est très compliqué ! Comment dire, j’ai envie, je m’y risque et je trouve tout de suite que ça fait trop ! Un peu comme lorsque qu’on met des boucles d’oreilles avec aussi un collier. Trop ! (si en plus on porte des lunettes, alors là …). La solution est évidemment l’incolore, le transparent, celui qui fait briller et seulement ça. Mais comment résister à un « rouge noir », « rose chiffon » et autre « champagne »
Donc, à la maison, pas mal de petites bouteilles commencées dans lesquelles le vernis se dessèche attendent l’arrivée de la nouvelle pour lui expliquer la dramatique situation.

vendredi 13 mai 2011

manger des gâteaux


 Je me souviens adorer les éclairs au chocolat (et aussi beaucoup d’autres gâteaux). Je les trouve toujours trop petits, mais n’ose pas en acheter et surtout en manger deux, car mon éducation judéo-chrétienne qui fait que toute la vie s’accompagne d’un sentiment de culpabilité ne le permet pas. J’ai vu, une fois ou deux, des éclairs au chocolat à acheter au mètre (au centimètre, faut pas exagérer non plus), mais j’avais trouvé l’idée un peu vulgaire et le gâteau très moyennement bon. Je crois qu’en plus j’avais dû acheter une quantité à peu près égale à la taille standard !

jeudi 12 mai 2011

apronenia avitia

Je me souviens, après avoir lu sei shonagon et ses notes d'oreiller, avoir aimé lire les tablettes de buis d'apronenia avitia de pascal quignard.
Avoir aimé lire ... tout à fait réducteur. je lis et relis ce livre, l'offre de temps en temps, je suis heureuse de savoir que ces lignes existent et qu'elles peuvent m'accompagner, parfois.
Il dit : elle naquit en 343. Constant gouvernait l’empire. Elle vécut soixante et onze ans… Pendant ses vingt dernières années, elle tient un agenda. Elle note sur des tablettes de buis « … l’épaisseur grenue et lumineuse d’une brume qui s’élève, ou des pêcheurs au loin qui passent sur le Tibre. »

Elle dit :
Joies de l’aurore
L’eau fraîche sur les yeux et dans la gorge

Je mangeais des éperlans et des poires de Naples et je vis Baïes.
Le vent du sud et le parfum des fruits cuits au sucre.
La lune rouge.

Choses à ne pas oublier
Quatre savons bataves.
Deux cents filtres en lin pour les jarres.
Deux cents cuillers à dessert.
Broderies de Babylone.
 

lundi 9 mai 2011

J'ai rêvé new york

Je me souviens avoir été à new york. Des amis, juste avant de partir et sûrement bien attentionnés (merci M et F), nous avaient offert un livre : le manuel de la photo ratée de Thomas Lélu. Et j'avoue que j'aime beaucoup cette photo de la Fameuse. J'en ai d'autres qui sont très bien, très "carte postale" mais mon coeur penche pour celle-là : la bancale, celle dont on se moque, qu'on ne mettra pas dans l'album. Elle va droit à l'essentiel. Bien qu'elle bénéficie d'un hors champ assez important, on voit tout de même le sujet visé. Et lorsque je la montre à des amis, il est très clair qu'ils comprennent immédiatement ce que j'ai voulu faire.

mardi 3 mai 2011

l'image de l'analyse


Je me souviens avoir offert cette image à deux femmes. C'étaient mes deux psychanalystes (l'une après l'autre, je vous rassure ... enfin, je ne sais pas si ça vous rassure !). Et aucune n'a vu, dans cette annonciation italienne du XIè - (XIIIè ?) siècle, le dispositif même de l'analyse. L'une l'a affichée dans son cabinet et m'a dit, un peu étonnée, que les patients voyaient immédiatement de quoi il s'agissait. Comme quoi ! Cela dit, je vais bien et je bénis ces femmes chaque jour.

samedi 30 avril 2011

lectures d'été


Je me souviens avoir lu cette phrase ici et avoir été tellement d'accord avec ça que je suis allée acheter le livre.
 - Ici, l'été, c'est envahi de monde. Il ne faut pas venir.
- Où faut-il aller, l'été ? Je demande.
- Nulle part. Il faut acheter des livres et rester chez soi.
Claudie Gallay, Seule Venise.

Nous attendrons donc, presque, la fin de l'été pour partir et nous emmènerons des livres.

jeudi 28 avril 2011

aimable et son orchestre



Je me souviens que ma mère me chantait une chanson qui me faisait pleurer : les roses blanches. Le plus souvent, c’était le dimanche matin, nous étions assises toutes les deux dans son lit et elle m’apprenait à jouer au rami. J’avais sept – huit ans. Elle savait que cette chanson me faisait pleurer et elle me menaçait de la chanter ! Mais seulement au bout d’une centaine de parties ; elle n’en pouvait plus, je n’en avais jamais assez. J’étais outrée qu’elle me menace d’une chanson. Elle riait. Je ne savais pas si c’était du lard ou du cochon ! j’allais alors voir mon père, mais il écoutait des disques d’yvette horner, je détestais déjà.

lundi 25 avril 2011

un deuxième ange passe


Je me souviens qu’il est dit que lazare, après avoir été ressuscité par le christ, trébuchera toute sa vie, entravé par ses bandelettes. Pourquoi cela me revient-il aujourd’hui ? Peut-être un repas familial du dimanche midi, réminiscence d’une vie d’avant et à mon tour, je trébuche. Après ces deux anges du temps pascal, nous passerons donc à autre chose.

samedi 23 avril 2011

hans a peint un ange



Je me souviens avoir pleuré devant un ange de hans memling, un jour de visite au louvre. Je le connaissais bien, car il était pleine page dans un de mes livres d’histoire de l’art. L’émotion vint du fait que l’original que j’avais sous les yeux était beaucoup plus petit que la reproduction. Un format carte postal, pas plus. Cette petitesse créa une intimité entre l’ange et et moi. Nous nous sommes regardés, et j’ai laissé les larmes coulées. Je me souviens que ces larmes m’avaient fait beaucoup de bien, comme lavée. Je me souviens qu’il m’arrive, de temps en temps, de pleurer au musée.

mardi 19 avril 2011

prendre le thé avec miss silver


Je me souviens avoir acheter des livres seulement pour la beauté de leur couverture, ne sachant à priori strictement rien de ce que j’allais y trouver. Ainsi, j’ai presque tout lu de patricia wentworth dans la délicieuse collection 10/18. J’ai alors souvent pris le train et pris le thé avec miss silver. Moi, dans mon train, elle au coin du feu, nous aidions l’inspecteur lamb dans son enquête, autour d’un earl grey ou d’un darjeeling rassérénant. J’ai toujours été surprise, en descendant du train, de ne pas être arrivée à londres.

samedi 16 avril 2011

des fleurs

Je me souviens que lorsque françois faisait cette série sur les fleurs, les amis que nous invitions à dîner m'offraient une bouteille de vin et donnaient à françois leurs vieilles fleurs un peu défraîchies. Il y avait plein de bouquets plus ou moins fanés dans son atelier, une petite odeur ni agréable, ni désagréable en émanait. Alors la série Jours est née. Comme dans une vanité hollandaise, la vie monte du noir, la mort dit qu'elle est là.

l'harmonie et la tristesse


Je me souviens que dans le film "à la verticale de l'été", il y a un échange de deux phrases qui m'avait tellement bouleversé que j'avais vu le film une seconde fois pour l'entendre à nouveau. Un homme mélancolique et indécis dit :"l’harmonie peut être une consolation", le pêcheur lui répond : " je ne vous savais pas si triste."Ils sont alors dans une barque au centre même d'un lieu d'une beauté renversante.
La photo est un dessin de trân trong vû. Ses oeuvres couvrent les murs de l'appartement du frère et de la soeur, dans le film.

mardi 12 avril 2011

aller à la gare


Je me souviens que lorsque je suis allée pour la première fois à la gare à pied,  je me suis sentie comme dans un film d’ozu. J'habitais là depuis une semaine et j'allais travailler pour la première fois en train. C'était tôt un matin d'été, il faisait doux, c'était agréable. Remonter la côte, en fin d'après-midi, en plein soleil fut plus difficile. Aujourd'hui, je suis habituée.

lundi 11 avril 2011

cou de poulet


Je me souviens que le volailler m’avait dit « voulez-vous deux cous de poulet, pour faire un bouillon ? » Ce jour là, un peu désemparée face à ce qui ressemblait si peu à de la nourriture, j’avais dit non et il m’a semblé qu’il avait été un peu déçu.

dimanche 10 avril 2011

repas, seule


Je me souviens que lorsque j’étais seule dans l’appartement de mon père, je mangeais une poignée de pâtes complètes à chaque repas, accompagnée d’un légume, le tout cuit dans la petite casserole, un filet d’huile d’olive. Voilà. Il m’arrivait de ne pas laver l’assiette creuse et de m’en resservir le soir. Dans l’après-midi, j’avais envie de chocolat.

samedi 9 avril 2011

émile

 
Je me souviens que lorsque j’essayais de convaincre françois de prendre chez nous ce chat qui se jetait de la fenêtre du troisième étage d’un appartement parisien afin de protester contre l’étroitesse des lieux, j’avais avancé l’argument qu’il s’appelait émile, comme le sergent klinger.