lundi 27 juin 2011

un autel domestique



Je me souviens, il y a quelques mois, avoir fait un petit autel domestique. Pas un vrai avec les photos que tout le monde voit, parce que je n’ose pas ! Mais juste à côté de ce bol rempli de petits coquillages glanés sur une plage bretonne, il y a une boîte rouge en tissu, carrée et dedans, deux photographies de mes parents et aussi leurs alliances. J’habite à neuf cents kilomètres de la ville où ils n’habitent plus, il me les fallait quotidiennement présents (alors qu’il pouvait m’être lourd de devoir les voir régulièrement … ha, la, la, c’est simple, la vie, j’vous jure). Le tout est posé sur un petit rebord, sous une fenêtre de la cuisine. Sur la boîte rouge, j’ai posé quelques pièces en chocolat au beau papier doré que Jean m’a offertes pour la pendaison de crémaillère en me disant : «  je ne sais pas si tu y crois, mais voilà, c’est une offrande ». J’y crois ! En laissant la maison quelques jours à des amis avec jeunes enfants, les pièces en chocolat avaient disparu ! J’étais très contente. L’offrande avait fait plaisir aux vivants. J’ai remis d’autres pièces et la vie continue.

lundi 20 juin 2011

les jours de dictée


Je me souviens que je faisais beaucoup de fautes aux dictées, à l’école primaire. Le jour de la dictée, je ne voulais donc pas y aller. Je faisais semblant d’être malade, ce qui ne marchait jamais. Un jour, j’ai sciemment raté le bus scolaire. Ma mère m’a alors conduite en voiture à l’école ; elle qui n’aimait pas conduire dans cette ville où le code de la route ne semble être qu’une option possible parmi beaucoup d’autres choix. J’avais toujours zéro, et si je n’étais pas réellement souffrante, cette épreuve et ces résultats me rendaient malade d’angoisse. Un ami de mon père est alors venu, le soir, me donner des leçons de grammaire et d’orthographe. Ce qui arrangea grandement les choses. C’était un monsieur très gentil. Je me souviens de deux choses. Il me demandait d’écrire le mot jusqu’à la fin et seulement ensuite d’y déposer les accents. J’avais huit ans et je trouvais qu’il outrepassait son rôle. J’étais assez choquée qu’il puisse intervenir sur ma manière d’écrire. Dans ma grande rébellion, je ne lui ai là jamais obéi. Et aujourd’hui, lorsque je mets les accents au fur et à mesure sur les e et a et autres, il m’arrive de penser encore à lui. L’autre chose dont je me souviens, c’est qu’il avait une haleine absolument abominable ! Nous étions assis côte à côte, il se tournait toujours vers moi pour me parler. Alors je gardais obstinément la tête baissée sur ma feuille. Ma mère, de temps en temps, intervenait et, avec un sourire gêné, expliquait combien j’étais timide. Ce qui était hélas très vrai, mais qui en cette circonstance particulière, pour une fois, me servait. Je me souviens aussi que des années plus tard, nous riions, mes parents et moi à cette évocation. Nous pouvions rire, je ne faisais presque plus de fautes et j’avais développer un odorat particulièrement sensible.

dimanche 12 juin 2011

Alice



Je me souviens ne pas avoir lu alice au pays des merveilles lorsque j’étais enfant, ni avoir vu le film. Je me souviens avoir souvent eu envie de le lire et d’avoir attendu.

Il y a les chefs d’œuvre ni vus, ni lus avec lesquels on sait bien qu’un jour on se coltinera, par devoir, parce qu’il faut, par honte et culpabilité de ne pas savoir …(non, je n’ai pas encore lu le ulysse de joyce alors que, je ne sais par quel miracle, deux éditions trouvent place dans la bibliothèque ! F. non plus ne l’a pas lu, conclusion : on a une bibliothèque de gros prétentieux !) et il y a ceux qu’on retarde parce qu’on sait qu’il y aura du plaisir : princesse de Clèves et alice, même combat. La princesse, je la lis et la relis, un des plus beaux textes que je connais, (je l’avais lu avant que le président des français donne son avis sur la question).

Et donc alice, je l’ai lu il y a trois ans ! Non, je n’étais plus une enfant !

Alice, pour moi, c’est la Lectrice. Bon, je sais que c’est sa sœur qui lit un livre sans images. Mais, elle plonge dans le terrier, elle vit des aventures bizarres, elles rencontre de curieux personnages et elle ressort s’ennuyer dans la vraie vie. Quelque chose comme ça.

Alors, lorsque j’ai vu ce dessin de ronald, j’ai vu une alice (grande et toute nue !), plongée dans la lecture, le lapin au creux de l’épaule, je me suis vue, aussi (bien qu'assez souvent, lors des moments de lecture, je suis habillée). Et je me suis dis qu’il serait mieux chez moi, au mur, que dans ses cartons. ronald, est-ce une alice ?

lundi 6 juin 2011

photos de famille


 Je me souviens transporter des photos de famille sur la banquette arrière de ma voiture. Il y a quelques mois, j’ai déménagé l’appartement de mes parents. J’ai jeté beaucoup, j’ai peu gardé : une boîte à bijoux de pacotille et qui fait de la musique ; elle date du temps de l’enfance et de l’ailleurs, un carnet d’adresses dont beaucoup ne serviront plus, un vieil appareil photo polaroïd, une boîte à gâteaux remplie de photos. D’autres photos, grandes, encadrées, ne rentrent pas dans la boîte. Elles étaient aux murs, c’est ce que j’ai décroché en dernier, je les ai mises à l’arrière de la voiture et je suis retournée chez moi à neuf cents kilomètres de là. Et elles sont restées là, sur la banquette arrière. Tous les jours, elles font un court trajet, avec moi. Il faudrait les désencadrer, les ranger … un jour. Ne pouvoir ni garder, ni jeter, de la difficulté à être fille unique.

jeudi 2 juin 2011

lectures adolescentes



Je me souviens, c’est à la table familiale, un midi, j’ai douze - treize ans, je demande à mes parents ce que veut dire « ingénue ». Et aussi, « libertine ». Ils sont un peu interloqués et avant de répondre ; je voyais bien qu’ils étaient un peu embarrassés, veulent savoir pourquoi. J’explique que je lis un livre qui me plait beaucoup et qui s’appelle l’ingénue libertine. Ils se demandent où j’ai bien pu trouver ce livre. Car chez mes parents, il n’y a pas vraiment de bibliothèque, juste quelques livres entassés au fond d’un placard ! Les livres que je lis, ils me les achètent, ils savent que celui-là n’est pas passé par là !

Ce livre, il était bien au fond du placard, avec d’autres que je n’ai jamais lu (je me souviens d’un guy des cars !) et une série de San Antonio que j’ai lu en rigolant bien. Rien ne m’était interdit, mes parents ne surveillaient pas mes lectures ; merci, un grand merci.

Ils m’ont aussi demandé d’expliquer le livre !!!

Heu ! c’est-à-dire que je lis un livre qui me plait sans tout à fait vraiment comprendre de quoi il en retourne, mais en sachant quand même ; j’ai douze ans et il parle de quête de plaisir sexuel ! Le titre ne m’aide pas, il est fait de deux mots et je ne saisis le sens d’aucun! Je voulais vérifier auprès d’eux que, d’une certaine manière, je comprenais bien. Je ne sais plus ma réponse, seulement ma difficulté à répondre, la leur à m’expliquer les mots demandés. Ils m’ont laissé finir le livre, ainsi j’ai découvert colette, que je n’ai plus quitté et qu’il m’arrive de relire de temps en temps. (Que serait-il arrivé si j’avais plutôt lu guy des cars ?)

Ensuite, j’ai lu la seconde, j’ai tout compris. On grandit vite.
Le dessin, derrière la bibliothèque est de ronald curchod, je vous en parle bientôt.

mercredi 1 juin 2011

dis moi ce que tu manges ...


Je me souviens adorer les listes (les lire, les écrire) et pendant un temps, avoir lister ce que je mangeais. Il se dit au Japon qu'il faut manger trente aliments  différents chaque jour, je voulais voir où j'en étais. Un jour de juin 2009, ce fut :
jus de pamplemousse
flocons d'avoine
fraises
lait de soja
thé vert
concombre
avocat
purée d'umébosis
hareng
cerises
riz
vinaigre de riz
petit gâteau au macha
tempeh
tomate
poivron
courgette
rhubarbe

Il n'y en eut donc pas trente, mais c'était très nettement ma période japonaise, jamais très loin, cela dit.