jeudi 28 juillet 2011

des lieux et des livres



Je me souviens que parfois, lorsqu’on se souvient des livres qu’on a lu, on se souvient aussi du lieu de la lecture. Fraisse et Trois chevaux, ces lourdes siestes dans le petit appartement loué, mes premières vacances avec f., ma décision d’enfourcher moi-même mon deuxième cheval, cet été-là. New York et nous étions les Mulvaney, et un dixième matin, ne plus vouloir sortir, car le livre à finir est plus important que le musée à découvrir. Le train et au piano, l’homme assis en face de moi me dit que lui aussi, comme moi à cet instant, a souri à la lecture de ce livre. Le temps qui devait être sans compter du dimanche matin et les choses qui me précipitent au marché pour acheter toutes sortes de nourritures, ma solitude dans l’appartement vide de son propriétaire et les tendres plaintes, assise sur l’horrible canapé vert…Je me souviens alors que je choisis avec soin les livres du déplacement, on ne sait jamais, un bon souvenir est vite arrivé.

mardi 26 juillet 2011

travail urgent



Je me souviens que lorsque j’ai un travail sérieux à faire dans un délai compté : écrire un texte, finir un cours, boucler un dossier, je me lève dix mille fois de ma chaise, car il faut alors que la maison soit rangée, le ménage fait, le linge lavé et étendu. Puis c’est l’heure du thé, et peut-être ai-je un peu faim. Le temps passe et la culpabilité monte, rien n’est encore vraiment écrit. Dans la tête, oui, sur l’écran, rien. Là, il est absolument indispensable que j’aille nettoyer le miroir de la salle de bain. Je calcule le temps qu’il me reste, une soirée, deux heures … ça ira, si je commence maintenant. Je change les draps, avant. Je n’ose prendre la décision de remettre au lendemain, car se lever vers cinq heures, c’est difficile. Puis je me pose et souvent le texte vient d’un jet. En fait, il était là, caché, prêt à sortir. Je relis le lendemain, je corrige peu. Je me suis juste fait un peu peur. Et si un jour ça ne marchait pas ?

Bon, là il faut que j’aille ranger mon bureau.

jeudi 21 juillet 2011

soirée diapo

Je me souviens des soirées diapo., alignés tous les trois dans le canapé, mon père à la télécommande. Les commentaires sur les premières images, puis le silence dû à une certaine lassitude, peut-être, une langueur s’installe. Je me souviens du bruit du projecteur au passage de chaque image. Je me souviens que je finis toujours assise au pied du canapé. Nous n’avons pas d’écran. Ma mère va chercher un drap dans l’armoire de sa chambre. Mon père l’installe dans le salon, parfois la salle à manger. Ces soirées avaient souvent lieu lorsque nous sommes rentrés d’Afrique, selon l’expression consacrée. Puis elles se sont espacées et ont disparu, mais certaines images me restent en tête : je tourne sur un petit carrousel, je porte la robe rouge que je n’aimais pas, mais que cette image m’a fait adorer. Trop tard, elle était trop petite ! le sapin de Noël en plastique que nous portons au-dessus des vagues, j’ai un maillot de bain bleu, à rayures blanches, une vue prise à l’aéroport, un bout d’aile d’avion … Est-ce ce lent et long défilé qui m’a fait aimer les images de rien ? Peut-être.

mardi 12 juillet 2011

la vie de couple


Je me souviens que f. laisse toujours traîner ses chaussures, de préférence dans l’encadrement des portes ! Celles qui ont l’expérience de la vie de couple vont comprendre tout de suite de quel type de petit agacement je parle (oui ?) lorsque, quasi systématiquement, je marche dessus, shoote dedans. Ca dure depuis dix ans, nos névroses agaceur-agacé(e) se complètent parfaitement. J’ai connu, dans un couple ami, l’agacement des chemises mises à laver sans que les manches soient déroulées. Ailleurs encore, le soupir épuisé déclanché par « chérie, tu veux bien mettre ça dans ton sac ? » …

Mais faire cette belle image avec ce désagrément m’a apaisé. Ce laisser aller n’en était pas un, mais une subtile proposition pour réussir ma photo. Merci mon amour.

mercredi 6 juillet 2011

les vêtements mous

 
Je me souviens aimer porter des vêtements mous. Les vêtements mous, c’est pour les jours où je ne sors pas, les dimanches, les jours fériés … les jours où l’on traîne à la maison. Par définition, le vêtement mou est informe, souvent trop grand. Il a pu avoir une vie avant, mais pas forcément, car il a pu être acheté dans le but de ne jamais se faire voir dehors. Il ne serre ni la taille, ni les épaules, ni les cuisses … Il fait croire à un corps sans contour, souple. Les jours d’hiver, les vêtements mous s’empilent les uns sur les autres et ils ne vont pas forcément ensemble. Vous l’aurez compris, le vêtement mou n’a pas pour ambition l’élégance de celle qui les porte. La crainte du jour de vêtement mou, c’est qu’on sonne à la porte. La sonnette, c’est déjà le regard posé sur vous et la phrase qui suit est toujours « je ne peux quand même pas aller ouvrir comme ça ». Deux solutions : quelqu’un ouvre pour vous pendant que vous vous cachez dans une autre pièce ou vous n’ouvrez pas du tout. J’ai essayé les deux. Ca marche. Le vêtement mou n’est pas à confondre avec le pyjama, mais un mixte des deux est possible. Dimanche 10, rien d’écrit dans l’agenda et je viens d’acheter pour neuf euros en soldes, un tee-shirt trop grand, rayé vert et blanc ; avec le pantalon blanc crème troué en bas qui n’a plus d’élastique à la taille … ben j’ai hâte à dimanche.