Je me souviens de Bologne dans la première semaine de
juin. Je marche dans les rues, sous les soixante-dix kilomètres d’arcades, même
si l’intensité du soleil n’a pas encore besoin que l’on s’en protège. Je fais
des photos, je mange des glaces
arancia, yaourt, pamplemousse rose. Il n’y a plus de parfum cédrat,
celui qu’on dit être le meilleur. Revenir, alors. Je mange, évidemment, des
tortelloni, de la burrata di buffala. La septième des sette chiese est celle
que je préfère, la plus ancienne, la plus dépouillée. Une messe au Xè siècle,
c’était comment ? Je perds mon petit bracelet rouge dans la campagne
bolognaise. Il ne me reste plus qu’à l’imaginer au pied de la grande maison
abandonnée, celle aux couleurs des toiles de Morandi, celle habitée par le
fasciste, dans les années quarante et dont personne ne veut plus. Je me
souviens déambuler lentement dans Santa Maria dei servi au son du répétiteur
d’orgue qui annote sa partition, je me remplis des fragments des fresques dans
le manque de lumière de la basilique. Sur un mur, un chien cherche une caresse
vers une main qui se tend, une femme enceinte assise, une écuelle, tout le
reste a disparu. Il est vingt et une heure, nous rentrons dîner en marchant
doucement. Je me souviens dans l’après-midi avoir croisé des femmes élégantes
dans leur petite robe noire, leurs chaussures qui dénudent les pieds, les
ongles peints d’un rouge éteint qui s’accorde aux « tenda rossa » des
fenêtres. Un autre jour, dans un appartement comme une caverne de la via
Marsala où les étagère emplies de dvd couvrent les murs, nous regardons
quelques images de Bright Star. Les très jolis vêtements de l’héroïne, les
lumières d’une autre campagne. Être ailleurs. Être à Bologne pour trois jours.
Et puis, à l’escale de Munich ou Monaco, il pleut, j’achète un crayon pour
prendre quelques notes avant qu’elles ne s’échappent, avant que le retour de
l’ailleurs ne fasse son travail. Pour l’en empêcher tout à fait, le chérubin en
bois acheté au marché prendra place dans notre salle de bain.
lundi 25 juin 2012
mercredi 6 juin 2012
une belle semaine passée
Je me
souviens, c'était il y a quinze jours (Alzheimer, tiens-toi loin de moi).
Le jour
du carnet ligné orange, de la pluie sans fin et donc, du parapluie rayé qui
s’envolera au premier vent, le jour où je n’achète pas de livre, de film, de
vêtement, car je n’ai pas de désir, un jour d’errance : l’outil
indispensable au travail ne fonctionne pas. Demain, c’est mon anniversaire. f.
m’offrira un bracelet à la couleur incertaine car changeante, un vêtement gris
aux manches dans lesquelles on glisse le pouce, un film thaïlandais, un dîner
parfait. Ici se glissera aussi un tout petit paquet qui fait une grande et
belle surprise et une plaquette de chocolat délicatement parfumée à la rose.
Une jolie jeune femme poussera la porte du travail à onze heures tapantes et me déposera un bouquet de fleurs enveloppé de papier blanc et simple. Tout sera bien, et le jour d’hier s’envolera. Cette semaine, enfin, nous
dînerons sur la terrasse, ça veut dire du soleil, une température clémente et
un temps plus lent entre le premier verre et l’assiette pleine de légumes de
couleur verte cuits à l’étouffée avec le riz sauvage (ajouter un émincé de
citron confit et une pincée de piment d’espelette une fois la cuisson aboutie).
En guise de week-end, nous réfléchirons sans fin et sans solution à transformer
notre terrain en jardin. émile semble comprendre nos états d’âme : il se
couche tous les soirs à la même heure SUR les herbes aromatiques que je
m’évertue à faire pousser. Nous avons donc un chat qui sent le basilic et le
romarin ! Nous aurons aussi déjeuné de sushis en agréable compagnie et
oublié d’aller vernir une exposition.
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